Dr Dominique Sighoko : « les femmes africaines …font plus de cancers du sein autour de la quarantaine »

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Docteur en pharmacie et docteur en épidémiologie du cancer, le Docteur Dominique Sighoko fait partie des camerounais qui font bouger le monde en ce moment. Son récent ouvrage « Le Cancer du sein chez les femmes noires », reçoit l’adhésion populaire.
Après son baccalauréat, le Docteur Dominique Sighoko s’envole vers Bamako au Mali où elle fait des études de Pharmacie sanctionnées par l’obtention d’un doctorat. Poussé par le désir de travailler pour l’OMS afin de mieux aider le peuple Africain, elle s’envole pour la France où elle obtient un master en santé publique et un doctorat (PhD) en d’épidémiologie du cancer de l’université Claude Bernard à Lyon, mais toute la partie pratique de son master et de sa thèse se fera au Centre International de Recherche sur le Cancer (une branche spécialisée de l’OMS) dans le laboratoire de carcinogenèse moléculaire qui finance son master et sa thèse. Une fois le PhD obtenu, Dominique Sighoko s’envole vers les Etats Unis pour la suite de sa carrière. Naît entre-temps la passion pour l’écriture. Dominique Sighoko est aujourd’hui auteure de deux livres dont le dernier: le cancer du sein chez les femmes noires.

« Le Cancer du sein chez les femmes noires », quelles ont été les motivations de la rédaction de cet ouvrage ?

Je suis tombée amoureuse de ce sujet pendant mon stage de master au Centre International de Recherche sur le Cancer. J’ai alors décidé de consacrer mes travaux de recherche à mieux comprendre ce que cette maladie représentait chez les femmes de type africain. Donc toutes ses années d’études avaient pour but de sensibiliser et de partager mes connaissances à ce sujet. J’ai par la suite décidé d’écrire un livre très concis et riche en information où j’ai le plaisir d’informer sur cette maladie. Mais le but ultime est d’aider à sauver le maximum de vie en militant pour une meilleure prise en charge des femmes noires.

Pourquoi la précision chez la femme noire?

Parce que généralement les etudes sont faites sur les femmes caucasiennes et le profil de maladie chez les femmes noires est ainsi noyé dans celui des femmes blanches. Et c’est en fait très dangereux de ne pas prendre en compte le facteur ethnique (raciale) particulièrement pour le cancer qui en fait une maladie du gène. Il est important de preciser que le cancer du sein n’est pas une maladie homogène mais une maladie hétérogène qui contient plusieurs sous types moléculaires qui varient en aggressivité. Contrairement aux femmes blanches qui font plus de cancers du sein à des âges plus avancées de sous types moins agressifs, les femmes africaines elles font plus de cancers du sein autour de la quanrantaine et ceux ci sont généralement du sous type triple négatif qui est le sous type le plus agressif des cancers du sein. Donc ecrire sur les femmes noires permet d’attirer l’attention sur leur particularité en espérant que des mesures appropriées soient prises pour combattre la maladie chez ces dernières.

Parlez-nous du contenu de l’ouvrage

Cet ouvrage s’adresse non seulement au public général, mais également aux cliniciens, chercheurs et aux pouvoirs publiques. Il explique ce qu’est la maladie et ses manifestations chez les femmes noires comparativement aux femmes blanches. Il aborde aussi des méthode de prévention qui seraient les plus adaptées chez les femmes noires. Éduque sur les étapes d’un diagnostic complet, mais parle également de la prise en charge de la maladie. Je tiens enfin à préciser que le livre s’adresse également aux hommes et aux hommes noirs en particulier car ces derniers ont un risque plus élevé de développer le cancer du sein car en effet, les hommes aussi font le cancer du sein mais ca reste rare.

Quel est l’intérêt pour le lecteur ?

Ce livre est pour moi une espèce de petite bible de la femme. Le lecteur apprendra ce qu’est la maladie et sera bien préparé a y faire face si jamais il en était atteint. Le livre aborde également d’autres sujets tels que les cancers du col de l’utérus et du foie qui sont des sujets assez importants particulièrement dans le contexte africain.

Pour sortir, comment appréciez-vous la prise en charge des malades des cancers au Cameroun?

Il faut plus d’efforts des pouvoirs publics pour qu’il y ait suffisamment d’infrastructures adéquates pour la prise en charge de cette maladie. Au Cameroun il n’y a qu’un seul centre qui pratique le diagnostic moléculaire et ceci est loin d’être l’idéal. Sans le diagnostic moléculaire, le traitement est hasardeux et sans traitement adéquat c’est impossible d’engager des campagnes de dépistage de masse qui à leur tour doivent être adaptés aux femmes africaines.
J’invite également la communauté scientifique Africaine à travailler sur une méthode alternative de diagnostic moléculaire, cela est possible et il y a toujours des financements disponibles pour la recherche.

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